sábado, outubro 31, 2009

Sementeiras e colheitas


Quando se semeia, nem sempre a colheita é a esperada. Há sementes mais ousadas que se transviam, que caiem em chãos inesperados e que por lá ficam, como que adormecidas, até ao dia em que, movidas pelo acaso ou por forças desconhecidas, sacodem o torpor e irrompem triunfais em florescências deslumbrantes.
E a sementeira que se julgava perdida para sempre pode-se transformar na mais radiosa promessa de futuro. Assim acontece com as pessoas, na sua luta diária e tantas vezes heróica pela vida. Assim acontece com as comunidades que, como que obedecendo a um instinto misterioso, seguem percursos tantas vezes atribulados mas que parecem obedecer a um traçado bem definido cuja razão escapa ao nosso limitado entendimento.
Para ilustrar e clarificar um pouco este arrazoado, aqui transcrevo dois textos que repesquei na internet e que intencionalmente deixo na língua original para que não se perca pitada da sua comovente sinceridade. Um fala de raízes, o outro de gastronomia. No fundo, ambos falam de nós, das nossas andanças por estas terras, das nossas sementeiras.

Um samedi soir au Portugal…à Montréal

Samedi soir passé après mon magasinage de la journée au centre-ville de Montréal, j'ai arpenté le quartier portugais de Montréal à la recherche de... rien. Juste me promener et profiter de la belle soirée sans trop penser. Je me retrouve donc au coin des rues St-Urbain et Rachel. Il y a là l'église Santa-Cruz de la communauté portugaise de Montréal. Dans le stationnement de celle-ci, une quantité impressionnante de gens danse, chante et s'amuse.
Je suis curieux et je m'avance près des danseurs. Un monsieur me dit bonsoir et je lui demande c'est quoi la fête. Il me répond que c'est le 30 mai et que c'est la fête de l'Esprit-Saint. Il tente de me dire son nom, mais je n'entends pas très bien. Ce n'est pas qu'il parlait un portugais régional, mais étonnamment un très bon français. Je tente aussi de lui dire mon nom, mais même scénario. La musique est forte et le chanteur s'en donne vraiment à coeur joie en portugais. Je décide donc de lui montrer mon permis de conduire. Faut bien que ça serve à quelques choses. Il lit mon nom et s'exclame : "Ah!!! Francisco Rodrigues!!!" Je souris et je lui montre que c'est plutôt Rodrigue. Je lui raconte ce que je sais de mes racines avec le portugais Yves Rodrigues arrivé à Québec en ~1748. Avec un grand sourire en hochant positivement de la tête il me dit : "Tu connais ton histoire, tu fais partie de la famille. Reste au moins jusqu'à 22 h, ils vont nous servir de la bonne bouffe tout à l'heure." Je n'avais pas terminé de le remercier de son invitation que son ami m'invitait à aller danser avec sa fille. Franchement, je regrette encore de ne pas avoir continué mes cours de danse à une autre époque...
Tout ça pour dire que ce peuple n'oublie pas ses racines et encore moins ses traditions. C'est comme le tirage au sort organisé autour d'un bazar. Les "rifas", petits carreaux de papiers roulés qui servent de billets pour ce tirage au sort. Ils sont fabriqués durant l'hiver par les femmes portugaises. Je n'ai pas plus d'info sur le sujet pour l'instant. J'en ai acheté un paquet de 40.
Bref, des gens très chaleureux que je remercie encore de leur accueil et du très bon moment passé en leur compagnie.

CHORIZO PORTUGAIS

Quand j’étais petit, mes parents avaient parmi leurs amis, un couple originaire du Portugal. Ils n’habitaient pas très loin de chez nous, à Chicoutimi. Je me souviens vaguement d’y être allé souper à l’occasion mais je me rappelle surtout de la « saucisse portugaise »; une espèce de saucisson sec relevé qu’ils mangeaient tout simplement ou en le mélangeant pendant la cuisson du poulet. J’étais trop jeune pour savoir que c’était du chorizo. Je ne me souviens même pas d’y avoir goûté à l’époque. J’ai quand même le souvenir de l’odeur, du couteau de monsieur Dalmeida qui tranchait le saucisson froid, de la texture de la viande, des morceaux de gras, de ses gros doigts de débosseleur qui tendaient la tranche à mon père. Je me souviens aussi de la façon dont ces gens s’exprimaient, leur langage coloré, leurs voix tonitruantes qui prenaient de la place comme s’ils étaient constamment en colère. 30 ans plus tard, à Montréal en vacances, alors que j’étais à la recherche d’un resto, je m’étais retrouvé sur St-Laurent. Un restaurant portugais. Un restaurant comme je les aime, sans prétention, avec un bar ou des habitués discutent. Un resto portugais avec des Portugais (c’est con, mais je n’aime pas aller dans un resto marocain ou il n’y a pas de Marocain ou des restos indiens ou n’y a pas d’Indiens). J’y avais mangé un poisson fabuleux, cuit à point… et une entrée de chorizo qui m’avait ramené des effluves de souvenirs. J’avais alors demandé au proprio où l’on pouvait trouver un tel chorizo, il m’avait expliqué que sur Duluth en plein coeur du quartier portugais de Montréal était LA place. Le lendemain, un dimanche, j’avais décidé de m’y rendre et d’en acheter, avant de comprendre que les Portugais ne travaillent pas le dimanche et de m’être rivé le nez sur une épicerie fermée. Quelques mois après, lors d’une autre visite à Montréal, j’y étais retourné et je fus séduit par la convivialité, la même retrouvée qu’au resto. J’avais discuté avec le boucher qui s’interrogeait sur le fait que j’achetais autant de chorizo d’un seul coup. Quand je lui avais dit que je venais du Saguenay, il trouvait ça drôle : il n’achetait que de l’agneau du Saguenay-Lac-Saint-Jean… J’y suis retourné à plusieurs reprises, à toutes mes visites à Montréal finalement, en achetant un peu plus que la dernière fois (pour les amis!) et en y retrouvant le même service. J’adore ce genre de boucherie, avec ses bouchers qui emballent à l’ancienne, au papier, qui écrivent au crayon à mine le prix sur le paquet, ces épiceries qui nous rappellent notre enfance, qui nous ramènent au temps ou le « sans emballage » du commerce existait. À l’ancienne. (…) À mon humble mesure j’ai fait connaître ce chorizo chez moi au Saguenay, je suis devenu un diffuseur (…)

Razão tinha o nosso grande Camões:

“Mudam-se os tempos, mudam-se as vontades,
muda-se o ser, muda-se a confiança;
todo o mundo é composto de mudança,
tomando sempre novas qualidades.”

Sosseguem pois aqueles que se inquietam pelo futuro da Comunidade Portuguesa. Continuemos tranquilamente a semear. Pois a colheita será farta.